(note : pour des questions techniques, nous ne pouvons intégrer ici la vidéo sous-titrée. Cette dernière est disponible ici)
CW : violence, suicide, mort
Comme chaque année, nous célébrons en ce 20 novembre la mémoire des personnes trans assassinées ou s’étant suicidées à travers le monde durant l’année écoulée.
Le TDoR, journée internationale du souvenir trans, est comme toujours un douloureux rappel des conséquences de la transphobie sur nos vies. Et sur nos morts. Chaque année, la liste s’allonge.
Entre le 1er octobre 2019 et le 30 septembre 2020, iels sont au nombre de 392. Depuis le 1er octobre 2020, 25 noms se sont déjà ajoutés à cette liste déjà bien trop longue… Comme toujours, il ne s’agit que des décès relayés dans la presse. La partie émergée de l’iceberg, en somme.
Chaque année, le constat est le même :
Les noms qui s’égrainent sont majoritairement ceux de femmes, le plus souvent racisées. Les travailleu-r-se-s du sexe sont également sur-représenté-e-s. Nos adelphes avaient entre 15 et 79 ans. Les 3/4 ont été assassinées brutalement. On recense également un certain nombre de suicides, mais également des négligences de soins.
Cette année, la COVID s’est d’ailleurs ajoutée aux causes de décès. Là aussi, la transphobie entre en jeu. Dans le mauvais accès aux soins, les négligences médicales et l’état de santé général qui est impacté par la précarité, la transphobie médicale, l’isolement, le stress de minorité.
Comme chaque année, la violence de ces meurtres témoigne d’une véritable haine et volonté d’annihilation des personnes trans. Si la majorité d’entre elles sont tuées par balle, un très grand nombre subissent plusieurs types de violences. Certaines sont brûlées vives, lapidées, écrasées, mutilées, démembrées… en plus d’avoir déjà été poignardées, étranglées, battues et/ou torturées.
Même si l’Europe et notamment la France sont assez épargnées, nous n’oublions pas Jessyca Sarmiento, travailleuse du sexe assassinée sur son lieu de travail à Paris en février dernier, ni Doona, jeune étudiante de 19 ans s’étant suicidée fin septembre à Montpellier.
On aurait tort de circonscrire la transphobie à des pays lointains. Jessyca, Doona et les centaines d’autres adelphes que nous avons perdu au cours de l’année ne sont pas des faits divers, ni des anecdotes. Elles sont les victimes d’un système qui considère les personnes trans comme des anomalies, des êtres inférieurs et négligeables. Elles sont les victimes d’un système qui considère les personnes trans comme des menaces à l’ordre social, des menaces à réduire au silence, voire à exterminer.
Ces discours transphobes ne connaissent en effet aucune frontière. Ils sont ancrés dans tous les domaines, personne n’y est hermétique. Et si la visibilité des personnes trans augmente, il en va de même des violences que nous subissons.
Les discours TERF, de pseudo « féministes » excluant les personnes trans, reçoivent ainsi un écho sans pareil, portés par de grands médias, des personnalités, s’insinuant dans le cinéma et les représentations médiatiques. Ils légitiment ainsi le rejet des personnes trans, et notamment des femmes trans. Ils diffusent des préjugés mortifères qui eux-mêmes alimentent la défiance et la haine envers les personnes trans.
Les lois floues ou ouvertement transphobes, les directives au rabais, l’absence de soutien réel du gouvernement laissent le champ libre aux institutions d’interpréter la loi à leur façon, au dépens des personnes trans.
En tant que communauté, il est important d’honorer ciels qui se sont battu-e-s pour que nos vies soient possibles. En continuant d’honorer nos morts, nous ne les laissons pas sombrer dans l’oubli où leurs agresseurs ont voulu les précipiter. Il est important aussi de célébrer leurs vies et, par là-même, de célébrer les nôtres. Car nos vies sont importantes. Nos vies sont précieuses. Nos vies sont irremplaçables.
Il n’est pas toujours facile de savoir apprécier sa valeur dans ce monde, lorsqu’on est continuellement nié-e-s, rabaissé-e-s, déshumanisé-e-s. C’est là, à notre sens, le rôle et le pouvoir de la communauté.
La notion de communauté n’a pas bonne presse dans notre pays. Mais le communautaire, contrairement à ce que nous rabâche ciels qui n’y connaissent rien, n’est pas un repli sur soi, ni un mode d’exclusion. Ce n’est ni une échappatoire, ni une marque de fermeture d’esprit.
La communauté est au contraire un lieu ressource, un lieu d’appartenance, un lieu de partage, qui se doit d’être un havre sécurisant. Un espace de liberté d’être, de liberté d’exister. Un lieu de diversité, aussi. C’est une source d’empowerment, une bouteille d’oxygène à avoir avec soi pour survivre à certains moments et embellir les autres.
Cette journée rappelle à toustes que nous avons toujours existé, nous existons, et quoi qu'iels fassent, nous existerons toujours. Personne ne pourra jamais effacer ni nos existences, ni nos mémoires.
Les associations Reboo-T,NOSIG (Centre LGBTQI + de Nantes) et le Collectif Non-Binaire
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