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Photo du rédacteurReboo-T

Communiqué de FRANSGENRE en réaction au documentaire M6 de jeudi 6 octobre 2022


Nous partageons le communiqué ci-dessous de l'association Fransgenre, dont nous sommes cosignataires.


Nous ajoutons qu'il est inacceptable que la parole continue d'être donnée à des psychiatres : ces dernier-e-s n'ont AUCUNE expertise sur la transitude qui n'est en aucun cas, faut-il encore le rappeler, un trouble psychiatrique.


Les méthodes des réalisateurices sont également inacceptables : Fransgenre a ainsi appris qu'il a été imposé aux participant-e-s de montrer des photos prétransitions et que les parents avaient été poussés à mentir sur leur réaction…

Le documentaire, en plus de faire dans l'habituel pathos et dans l'irrespect des personnes (mégenrées régulièrement), diffuse apparemment des informations erronées. Nous veillerons à revenir dessus une fois que nous aurons pu le visionner.


Nous invitons vivement nos adelphes à la plus grande prudence lorsqu'iels sont sollicité-e-s pour participer à de tels programmes.


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M6 : la vie des personnes trans n’est pas un divertissement !


Ce jeudi 6 octobre, M6 va diffuser un documentaire intitulé “Trans : unique en leur genre” suivi d’un débat en plateau. Si nous ne pouvons présumer de la qualité du documentaire, nous sommes interpellés par les invités au débat : une jeune personne transgenre et un psychiatre face à une militante transphobe aguerrie et à une mère abusive envers son enfant trans. C’est loin de la “bienveillance” promise aux témoins démarchés pour le documentaire : comme à son habitude, M6 ment honteusement pour faire de l’audimat1.

Rappelons que la situation des personnes trans est extrêmement précaire et en danger de devenir pire partout dans le monde. Près de 70% de la population trans est victime de dépression2 ; 50% ont déjà fait une tentative de suicide3 ; ces chiffres démesurés sont majoritairement dus à la transphobie au sein de leur famille, du corps médical et de l’ensemble de la société.


Depuis plusieurs années, on assiste à une offensive réactionnaire sans précédent contre les droits des personnes trans. Aux Etats-Unis, de multiples états ont rendu les transitions pour les mineurs illégales et cherchent à étendre ces mesures jusqu’à la pénalisation pure et simple de la transidentité, s’inscrivant dans un mouvement plus large de recul du droits des femmes (renversement de Roe v. Wade) et des personnes LGBTI (loi “Don’t say gay”). Cette offensive, qui touche de nombreux autres pays, est une véritable catastrophe humaine, menant à des agressions, des suicides et des déplacements de population.


Parmi les auteurs de cette offensive, on trouve des militantes transphobes telles que celle invitée par M6. Ces militantes sont en lien étroit avec les sphères d’extrême-droite et complotistes4, et reprennent les mêmes poncifs homophobes que ceux que l’on a connus pendant cinquante ans. Une autre facette de ce militantisme se traduit par des groupes de parents d’enfants trans qui empêchent leur transition, d’où est issue une autre invitée de M6. Ces groupes encouragent la pratique de “thérapies de conversion à la maison”, dévastatrices pour la santé mentale de ces enfants et illégales en France depuis cet été5.


Nous ne sommes pas ici dans le cadre d’un “débat d’idées républicain”. Le dispositif mis en place par M6 vise à créer du divertissement sur le dos des personnes trans : il met face-à-face, à une heure de grande écoute, un jeune homme transgenre et deux militantes encourageant la discrimination transphobe (punie par la loi), l’une étant présentée comme une simple mère inquiète, gage de crédibilité, alors que l’on ne laisse pas la parole à son enfant.


Nous enjoignons M6 et tout autre média à traiter le sujet de la transidentité avec respect et rigueur, sans donner la parole à des militants dont le seul but est de répandre la désinformation et la haine. Pour éviter les regards et interprétations systématiquement extérieures à leurs vécus, les personnes trans devraient être associées au processus de production des documentaires qui les concernent.

Nos vies et nos droits ne sont ni un sujet de divertissement ni un sujet de débat. Nos corps nous appartiennent. Nous exigeons l’arrêt de cette fétichisation et altérisation constantes : nous ne sommes pas des bêtes de foire. Et nous sommes encore moins le punching-ball sur lequel faire de l’audimat à bas coût : des vies sont en jeu.


Sources

2 Green A. et al. (2022). Association of gender-affirming hormone therapy with depression, thoughts of suicide, and attempted suicide among transgender and nonbinary youth, J. Adolescent Health, 70(4), pp. 643-649.

3 Strauss P. et al. (2017). Trans Pathways: the mental health experiences and care pathways of trans young people.

4 Bock P. (5 septembre 2022). Planning familial : les anti-trans, "cautions progressistes" des réacs. Arrêt sur Images. https://www.arretsurimages.net/articles/planning-familial-les-anti-trans-cautions-progressistes-des-reacs

5 Article 225-4-13 du code pénal




Signataires – Elus

Aminata Niakaté, conseillère de Paris

Annie Lahmer, conseillère régionale d’IdF du Val de Marne

Geneviève Garrigos, conseillère de Paris

Jean-François Coulomme, député de la Savoie

Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la mairie de Paris

Ségolène Amiot, députée de la Loire-Atlantique


Signataires – Personnalités

Adrien Richard, artiste - auteur

Cécile Dalnoky, artiste

Elodie Montel

Eva Chancé, multiplement curieuse

Inès Slim, éditrice militante

Jeanne Salomé

Jena Pham-Selle

Juliette J. Pellissier, docteure en psychologie, psychothérapeute, autrice, chercheuse et militante

Karine Espineira, sociologue, Université Paris 8

La Briochée, drag queen

Laure DASINIERES, journaliste indépendante

Laurier The Fox, Auteur BD - illustrateur, créateur du projet ReconnaiTrans

Lucie Tzitzichviili - insoumuse

Manuelle Campos, autrice, musicienne

Margot Pitois

Maud-Yeuse Thomas, chercheure indépendante

Mika Alison - la Transeignante

Minima Gesté, drag queen





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